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Samedi 9 octobre 2010 à 12:37


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Quatrième de couv' :

Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes ; soupçonneux et solitaires, certains possèdent cependant un jumeau dont ils ne sont séparés que par un nombre pair. Mattia, jeune surdoué, passionné de mathématiques, en est persuadé : il compte parmi ces nombres, et Alice, dont il fait la connaissance au lycée, ne peut être que sa jumelle. Même passé douloureux, même solitude à la fois voulue et subie, même difficulté à réduire la distance qui les isole des autres. De l'adolescence à l'âge adulte, leurs existences ne cesseront de se croiser, de s'effleurer et de s'éloigner dans l'effort d'effacer les obstacles qui les séparent. Paolo Giordano scrute avec une troublante précision les sentiments de ses personnages qui peinent à grandir et à trouver leur place dans la vie. Ces adolescents à la fois violents et fragiles, durs et tendres, brillants et désespérés continueront longtemps à nous habiter.

Voilà, mot pour mot, ce que me promettait le dos de ce bouquin de 328 pages lorsque je l'ai retourné dans le rayon des nouveautés. Personnellement je ne l'aurais pas résumé ainsi. Les premières lignes sont justes, parfaites puisque issues du livre. Le reste n'est qu'un pâle aperçu du caractère des personnages. Pour ma part, je me serais contentée de l'extrait brut de coupe, sans plus d'explication que les mots complexes et pourtant si touchants de l'écrivain lui-même.
"Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés comme les autres entre deux semblabes, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux. Il lui arrivait de se dire qu'ils figuraient dans cette séquence par erreur, qu'ils y avaient été piégés telles des perles enfilées. Mais il songeait aussi que ces nombres auraient peut-être préféré être comme les autres, juste des nombres quelconques, et qu'ils n'en étaient pas capables." 

 
Mon avis :

Je voudrais pouvoir trouver les mots pour vous résumer ce troublant roman. Vous parler de Mattia et d'Alice, vous dire que j'ai partagé assez au fil de ces pages pour pouvoir mettre un mot sur chaque sentiment éprouvé au cours de ma lecture. Mais la vérité, c'est que même après avoir passé 328 pages à leurs côtés, je ne peux toujours pas vous les décrire. Je ne peux pas parce que je ne ne les connais pas. Parce que je ne les comprends pas. Et peut-être aussi parce qu'au fond, je ne les aime pas.
Parce que Mattia et Alice, sont humains. Ils ne sont ni héroïques, ni rocambolesques, ni passionnés comme le sont beaucoup de personnages de romans. Il n'y a pas de grands discours dans ce livre, pas de grande scène mélodramatique, pas de romantisme, ni même de véritable morale. Juste l'inertie de deux vies qui se conjuguent par intermittence. Juste Mattia et Alice.
Bien sûr ils ont connus des drames, mais des drames comme nous aurions tous pu en rencontrer. Tout est mesuré dans le récit de Paolo Giordano. Rien n'est exagéré. Ce récit n'est ni plus ni moins qu'une tranche de vie. Et cette tranche était mon quatre-heure. Mattia a 5 ans et demi, Alice en a 17, il en a 23, et ainsi de suite. Ne cherchez pas la chute, ni même le fil conducteur. Ce livre n'est pas fait pour être compris, décortiqué, analysé, juste pour être lu, partagé et ressenti.
Et j'ai ressenti beaucoup de silence, de non-dits et d'occasions manquées. Beaucoup de solitude aussi, celle des personnages bien sûr, mais aussi la mienne. Elle était omniprésente, et se superposait à la leur. J'ai éprouvé de la colère devant leur inaptitude à prendre possession de leurs vies, de la déception face à leurs choix, et de la frustration vis à vis du dénouement. Pas de doute, ces personnages sont criants de vérité, ils respirent vous et moi, nos hésitations, nos doutes, nos peurs, nos petites vies bien lissées dans les coins pour ne pas qu'elles débordent, nos mauvais choix, nos mensonges et nos failles.
Tout ça pour vous dire que je suis ressortie de là avec 2 profondes convictions :
1) Paolo Giordano est un génie.
2) Finalement Berger avait raison "On est toujours tout seul au monde".


Au passage :

"Les autres furent les premiers à remarquer ce qu'Alice et Mattia ne comprirent qu'au bout de nombreuses années. Ils pénétrèrent dans la pièce main dans la main. Ils ne souriaient pas, leurs regards suivaient des trajectoires différentes, mais on aurait dit que leurs corps coulaient l'un dans l'autre  à travers leurs bras et leurs doigts joints. [...] Il y'avait entre eux un espace commun dont les confins n'étaient pas bien tracés, où rien en semblait manquer et où l'air paraissait inerte, tranquille." p.108

"Elle pensait souvent à lui. De nouveau. Il était une des maladies dont elle ne voulait pas vraiment guérir. On peut tomber amoureuse d'un souvenir..." p.271

"Elle était au salon et l'attendait. Deux rangées de briques, quelques centimètres de crépi et 9 ans de silence les séparaient." p.319

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